Ecluse N°14

Musique acousmatique

*2006 *

Durée 6′

création le 11 juin 2006 au Festival Synthèse à Bourges

Une autre façon de voir et de vivre avec l’eau.
L’eau peut être aussi le support de toute une vie et d’une activité humaine intense pleine de bruits divers et étranges, celle de la navigation fluviale où l’environnement est tout en fluidité, mais aussi en chocs plus ou moins violents car l’eau peut être mouvante, percutante et très dure parfois.

Ecluse N° 14, c’est l’eau entendue depuis un bateau qui franchit une ces immenses écluses sur le Rhône où tout est très amplifié et prend une ampleur gigantesque.

De vive voix

A Nicole

Pour bande seule

* 1985 *

Durée 14’00

commande Ina-GRM

création le 28 avril 1986 au Grand auditorium de Radio France à Paris

 A l’origine de cette pièce, une préoccupation sur l’aspect sémantique de la musique, et particulièrement de la musique acousmatique . De vive voix… lettre morte… deux expressions proches du vocabulaire linguistique; mais aussi deux métaphores omniprésentes dans la musique, qui lui donnent sa fonction de communication par une information explicite, implicite, émotionnelle, en un mot : esthétique.

La musique sur bande comporte cette terrible exigence de devoir inscrire définitivement « dans le texte » l’émotion, l’expression, la vive voix.

C’est cette espèce de message « stylistique » qui revient à l’interprète dans la musique vocale ou instrumentale. La musique sur bande me parait être, par nature, le terrain privilégié pour exploiter cette ambiguïté entre l’information sémantique et l’information esthétique.

La pièce est construite autour de trois types de matériaux sonores :
– sons concrets bruts
– sons concrets transformés en studio analogique et numérique (123)
– synthèse proche des sons concrets réalisée sur micro-ordinateur

Ces trois matériaux m’ont permis d’installer un va-et-vient entre « la réalité » des sons concrets et les développements métaphoriques des « pseudo réalités » des sons transformés ou synthétisés.
Le sens intrinsèque du son concret est toujours dévié et élargi grâce aux transformations; il s’enrichit ainsi de toute une palette de sens extrinsèques qui lui donne, de cette manière, sa fonction de communication esthétique.
La personnalisation du message s’opère entièrement au cours de la réalisation de la bande, en établissant un réseau de relations analogiques, métaphoriques, affectives, qui place le récepteur (l’auditeur) dans sa propre « zone de réel » qui n’est ni absolue, ni réductrice, ni abstraite.

Syzygie

A Jean Geoffroy

Pour percussion solo

*1994 *

Durée 11′

YouTube

Pour Vibraphone, Cymbale sur pied, Tumba, 2 triangles, Claves, 5 Temple Blocks, 5 Wood Blocks (composite), Vibra Slap, 3 Gongs chinois, 2 Gongs Thaïlandais.

Syzygie : alignement particulier de plusieurs astres.
Pièce sur les timbres, les résonnances et le mouvement. Tout le travail d’interprétation consiste à donner à ces différents instruments un sens sonore et musical commun.
Penser cet instrumentarium comme un seul et même instrument. Chercher non pas à exagérer les différences mais bien au contraire faire en sorte que chaque son produit soit l’effet d’une continuité, d’un geste musical, d’une fusion.
Jean Geoffroy

Pièce éditée chez Editions Lemoine – collection Jean Geoffroy

disponible à la Librairie Musicale Internationale

Saxotaure

Pour saxophone alto solo

*1985*

Durée 8’30

Création le 14 novembre 1986 à Amiens par Serge Bertocchi

Saxotaure est un peu ma « Sequenza » pour saxophone, c’est à dire un travail approfondi sur les nouvelles possibilités de l’instrument.

C’est une pièce qui fait largement appel aux modes de jeu contemporains dans une large exploration timbrale. Le principe de fonctionnement repose sur le contraste entre le son plein très timbré du sax, et l’instabilité des sons harmoniques, multiphoniques, soufflés, etc.
Le souffle est traité comme la primalité du son, une sorte d’origine dont le son ne peut se séparer définitivement.
Après une période d’élaboration du son, partant du souffle, les hauteurs et les rythmes se définissent et se stabilisent dans une espèce de « biogénétique ». Le parcours inverse nous ramène au souffle originel, puis au silence, lequel semble être la seule véritable origine du son et de la musique.

 Cette pièce est éditée chez Combre .

disponible à la Librairie Musicale Internationale

Für sich

Pour violon solo

*1997 *

Durée 7′

Für sich est une pièce à vocation pédagogique, quoique pouvant être jouée en concert. Le niveau est celui de fin d’étude ou moyen.

Cette pièce est une bonne approche du langage contemporain pour le violon, sans difficultés excessives.

Elle est donnée régulièrement aux concours et examens de conservatoires.

 Pièce éditée chez Combre

disponible à la Librairie Musicale Internationale

CD disponible chez le compositeur

L’arpa estense

Pour harpe solo

*2000*

Durée 12′

La lecture d’un ouvrage organologique italien traitant de la harpe, plus précisément d’une enquête d’archives sur l’ Arpa Estense, ceci à un moment (1581) où la harpe est un instrument de cour très prisé qui évolue (ajout de cordes, arpa doppia, trippia, etc.), m’a donné l’idée de faire une pièce avec transformations électroniques en direct, ce fut L’Arpa Di Laura.
Deux ans plus tard, après un travail pédagogique avec des élèves du conservatoire et leur professeur, j’en faisais une version acoustique, qui a été présentée en concours de la classe de harpe.

Laura, harpiste mythique de l’époque, était certainement une interprête remarquable puisque le très éclairé duc Alphonse II d’Este fit tout ce qu’il put, et payât fort cher, pour l’attacher définitivement à sa cour de Ferrare.

La pièce tient compte de ce point de départ historique (diatonisme et ambitus réduit), mais c’est aussi une anecdote et une façon détournée de mieux connaitre et explorer un instrument tellement marqué par le seul XIXème siècle, alors que son histoire est millénaire. C’est d’ailleurs le seul instrument de musique qui figure sur l’emblème national d’un pays.

 Cette pièce est dédiée à Catherine Michel, amie d’enfance et d’études au Conservatoire d’Amiens, qui a accepté de travailler et de créer cette oeuvre à ma plus grande joie.

Editée en 2 versions chez Questions de Tempéraments : L’Arpa di Laura pour harpe avec transformations électroniques et l’Arpa Estense pour harpe solo sans électronique

DEL16

DEL 16

(2001)

durée 10′

pour harpe traitée en temps réel par un système audio-numérique

Création le 26 avril 2001 à Bordeaux par Marie Emmanuelle Allant-Dupuy

En hommage à Iannis Xenakis

Cette pièce est composée de 16 cellules autonomes dont l’ordre d’apparition est calculé statistiquement au moment de l’interprétation. Quelques variables sont figées (date de naissance et de mort de Xenakis), d’autres prennent en compte des paramètres physique du moment et apportent la partie aléatoire du calcul.

L’une des cellules ne comprend qu’un long silence de 7 secondes qui constitue l’hommage à Xenakis.

Les traitements numériques du jeu de la harpe dépendent eux aussi de ce calcul préalable.

L’image fortement chargée du passé de cet instrument est passionnante à confronter avec des modes de jeu, un langage et des traitements contemporains ( comme Xenakis l’a fait avec le clavecin).

Partition et programmes sont disponibles chez christian.eloy@wanadoo.fr

 

DEL 16

(2001)

Duration : 10 minutes

For harp processed in real time by an audio-digital system

Created 26 April 2001 in Bordeaux by Marie Emmanuelle Allant-Dupuy

As a tribute to Iannis Xenakis

The piece comprises 16 independent cells which appear in a sequence statistically calculated at the moment of its interpretation. Some variables are fixed (date of birth and death of Xenakis), others take account of the physical parameters of the moment and provide the random part of the calculation.

One cell consists only of a long silence of 7 seconds which constitutes the tribute to Xenakis.

The digital processing of the harp performance also depends on the prior calculation.

It is very exciting to confront the highly charged image of the past of the instrument with a contemporary language, processes and way of playing (as Xenakis did with the harpsichord).

Score and programs at christian.eloy@wanadoo.fr

Pierre de soleil

Pierre de soleil

*2001*  

Durée 8′

Création le 28 octobre 2001 à Bordeaux par l’ensemble Proxima Centauri

Commande de l’Etat

Pour saxophone basse, 4 timbales, piano et dispositif numérique temps réel.

Pierre de soleil renvoie au poème d’Octavio Paz (prix Nobel de littérature en 1990) dont il emprunte l’univers symbolique et la structure circulaire.

C’est aussi un voyage initiatique de Octavio Paz entre les mythologies mayas et méditerranéennes.

Le poète parle de  » flux poétique qui chemine comme un aveugle entre les galeries de sons, à tâtons, par les corridors du temps ». La musique émerge déjà de ces mots !

Les 584 vers de 11 pieds du poème, qui correspondent à la révolution synodique de Vénus (comme le calendrier aztèque) sont à la fois le squelette, la chair et la forme de cette œuvre.

Pierre de soleil

*2001*  

Duration: 8 minutes

Created 28th October 2001 in Bordeaux by Proxima Centauri

State commission

For bass saxophone, 4 kettledrums, piano and a real time digital machine

Pierre de soleil takes us back to the poem by Octavio Paz (1990 Nobel Prize for Literature) from which it borrows its symbolic universe and circular structure.

It is also a voyage of initiation for Octavio Paz between the Mayan and Mediterranean mythologies.

The poet tells of a « poetic flow wandering like a blind person, warily, among galleries of sounds through the corridors of time ». Music already flows from these words!

The 584 11-foot verses of the poem which correspond to the synodic revolutions of Venus (as in the Aztec calendar) together make the bones, the flesh and the form of the work.

Dissidence

En hommage à Edgar VARESE

Pour ensemble instrumental

Flûte en ut & piccolo, hautbois & cor anglais, clarinette sib, clarinette basse, basson & contrebasson, sax alto, trompette en ut, trombone, cor en fa, piano, harpe, violon I, violon II, alto, violoncelle, contrebasse, 3 percussions.

*1992*

Durée 14′

Commande d’état

Dissidence :  » Action de se séparer d’une communauté ou d’une société « 

L ‘ idée de départ de cette pièce est là, dans cette espèce d’appartenance ou non à une parenté, à un groupe ou une communauté,  » le en-dedans, ou en-dehors  » . Ne dit on pas :  » entrer en dissidence  » ce qui revient à entrer dans le dehors ? mais nous parlons aussi de  » groupe de dissidents  » c’est à dire que le en-dehors peut être plus important que le en-dedans et dans ce cas où est la dissidence ?

Musicalement, une entité sonore peut ou non appartenir à un système ou une cohérence, c’est ce concept qui est exploité dans la pièce sur différents paramètres : les hauteurs, avec des pôles bien appuyés ou des ruptures, les timbres et les couleurs très différenciés ou fondus.

La définition citée plus haut parle de  » l’action de se séparer « , donc une forme d’énergie, voir de lutte, qui me paraît en effet inhérente à la dissidence.

Ce concept m’a amené à traiter la forme comme un montage qui comprendrait des évolutions dans la continuité mais aussi des séquences  » en dehors  » qui créent de violents contrastes.

L’ hommage à Varèse se situe dans le travail sur les timbres avec l’ emploi intensif de la percussion et une volonté de faire sonner l’ensemble plus comme un orchestre que comme un ensemble de musique de chambre.

Partition disponible chez le compositeur

Christian ELOY