All-over

pour flûte en ut et système informatique de transformation en direct

*2004 *

Création le 9 avril 2004 par Hubert De Villele Auditorium Jean Cocteau à Noisiel

Durée 17′ (14′)

Le « All-over », terme de peinture apparue vers 1948 où chaque coup de pinceau annule le précédent et le rapport de celui ci avec la surface du fond. Cette technique amenée par Jackson Pollock donnera quelques temps plus tard le dripping, qui consiste à laisser dégoutter (to drip), puis couler un liquide plus ou moins fluide (encre, peinture) sur une surface plane, créant ainsi un réseau de lignes sur un espace plat.

Ce procédé me paraissait convenir pour traiter un instrument comme la flûte sur un espace créé par des traitements électroniques et la bande.

Les Tongue-ram, Pizz. ou bruits de clé, sortes d’impacts du son sur la surface du silence, font « couler » des lignes mélodiques qui vont évoluer, se dissoudre ou émerger de ces larges espaces.

Les traitements électroniques de la flûte sur la bande et ceux en direct, m’ont permis de sortir de la contrainte linéaire d’un instrument monodique, en générant des champs de profondeur, des masses, des reflets, des halos : drawing into painting.

Pollock dans certaines œuvres faisait couler le trait sur une peinture encore fraiche afin de fondre plus intimement celui-ci avec la matière. Le son direct de la flûte qui se prolonge dans une transformation spatiale, temporelle ou spectrale, participe de cette même démarche de transparence et de fusion de l’objet sur la matière, de la surface sur le fond. 

Christian ELOY