Le pinceau magique

Conte musical pour Bande magnétique et Voix d’enfants

*1988*

Durée 45′

création au théâtre de Ste Savine en juin 1988 – Coproduction J.M.F. / Ecole Normale de l’Aube

A l’origine de ce conte musical le conseiller pédagogique et le professeur de musique de l’Ecole Normale de TROYES. Ceux-ci avaient lancé un projet d’Action Educative, avec cinq classes du primaire, qui avait pour objectifs : l’élaboration d’un conte par les enfants, puis la musicalisation et, enfin, la mise en forme d’un spectacle.
C’est dans la phase de musicalisation qu’ils ont rencontré les premières difficultés et qu’ils ont décidé de faire appel à un compositeur ; je suis donc intervenu à partir de janvier sur une histoire déjà construite.
Ils ont associé, à ce moment la délégation J.M.F. de Troyes pour coproduire une création musicale : « Le Pinceau Magique ».
Devant le peu de moyens musicaux d’enfants de cet âge, j’ai opté pour la réalisation d’une bande magnétique dont le matériau de base serait la production sonore des enfants dans les situations gestuelles et corporelles de leur histoire.
Après un travail de rééquilibrage et de cohésion du conte, j’ai collecté, pendant deux mois, avec un Revox et un couple de micros, le résultat de situations précises, d’événements, d’ambiances, etc… avec , à chaque fois, un travail d’écoute, puis de perfectionnement de la production sonore, ainsi que l’exploitation circonstancielle des différents paramètres musicaux qui se dégageaient des situations vécues par les enfants.
Je dois dire que, durant cette période, j’ai bénéficié de la spontanéité de leur expression, de l’imagination débordante qui n’était entravée, ni par le langage, ni le support, ni la forme, et j’ai intégré plusieurs idées et productions qui n’étaient pas dans ma trame, pourtant assez précise. C’est certainement le moment privilégié pour capter la créativité de l’enfant et la développer, mais aussi un terrain pédagogique exceptionnel pour introduire une dimension plus large et vivante de la musique.

Les niveaux de ces cinq classes allaient de la maternelle au CM2 et on constate très vite que le niveau de créativité est inversement proportionnel ; toutefois les phases ultérieures du travail permettront aux plus grands d’apporter d’autres qualités .

J’ai ensuite fabriqué une bande d’environ 50 minutes en studio à partir des quelques 30 bobineaux recueillis dans ces cinq classes, avec la volonté de respecter le plus possible l’originalité et la lisibilité de leur production ; ce fut un travail essentiellement compositionnel.
Quand j’ai ramené la bande un mois plus tard, et fait écouter la séquence de chaque classe, j’ai pu constater les points suivants :
– surprise des enfants très modérée par ce type de musique (aucun enfant n’avait écouté de la musique électroacoustique auparavant) ; les enseignants ont eu un premier contact plus difficile,
– repérage des événements et de la chronologie très rapide,
– abstraction de la musique entièrement compensée par le « vécu » antérieur et l’implication personnelle,
– identification des personnages ou événements par des thèmes rythmiques ou de timbre, très vite assimilée après explication,
– réappropriation de la musique dans le jeu gestuel et scénique facilitée par l’apport d’éléments nouveaux tels les costumes, les décors, les éclairages, les mouvements, la mise en scène,
– distance suffisante entre le jeu musical ayant servi à la production de la bande et le jeu dramatique du spectacle ; la musique fixée sur la bande devient l’un des éléments du jeu scénique et les tentations de redondance ont été minimes,
– impact émotionnel et comportemental de cette aventure pour les enfants (3 représentations dans un théâtre) très fort, mesuré par les instituteurs dans la vie scolaire (dessins, textes, conversations, expositions, etc…).

Il y eut ensuite un travail vocal avec chaque groupe, puisque j’avais pris le parti de ne mettre aucun texte dans la bande, c’est un couplet et le refrain qui situaient à chaque fois l’action. Le principe de la construction musicale, basé sur une géométrie simple des hauteurs, a été expliqué et facilement compris par les enfants. Un synthétiseur aidait aux départs et la bande était interrompue durant cette intervention.

Il y a eu 5 répétitions générales au théâtre dans la semaine du concert, avec un service de ramassage (cinq écoles différentes).
Des parents et des enseignants se sont occupés des décors et accessoires et le technicien pour la lumière a assisté à toutes les répétitions.

Deux séances pour les scolaires ont amené environ 1600 élèves de Troyes et le samedi soir était consacré à la création du « Pinceau Magique » avec une salle pleine de 800 personnes dans le cadre du « Printemps Musical » de Sainte Savine.

De cette action musicale et pédagogique qui s’est déroulée sur six mois, à raison d’une journée et demie par semaine à Troyes, plus le travail en studio, je tire les conclusions suivantes :
– le compositeur est un intervenant très bien reçu par les enfants dans la mesure où il impulse leur imagination et leur créativité, assez peu sollicitées par ailleurs, qu’il utilise un langage très peu codé qui joue de la sensibilité, qu’il intègre une démarche d’échange créatif avec les enfants de tous âges, et, qu’il maîtrise les équilibres et les formes.

Cette opération aurait été impossible à réaliser sans un appui logistique solide ; l’Ecole Normale me semble une structure répondant à ce besoin, sauf au plan financier ; son autonomie, ses moyens matériels et financiers sont très limités
– nécessité d’une équipe d’enseignants motivés, qui adhère au projet avec toutes ses contraintes et qui assure le relais avec le compositeur,
– ambition avouée et partagée de la finalité du projet : une création à part entière avec un minimum de concessions. La pédagogie est le moyen, mais pas une fin dans le type de cette démarche ; l’instituteur reste celui qui exploitera le mieux cet apport extérieur.

 Le CD et la partition sont disponibles chez le compositeur

Le pinceau magique est au catalogue des opéras pour enfants de l’IPMC

Christian ELOY