A Nicole
Pour bande seule
* 1985 *
Durée 14’00
commande Ina-GRM
création le 28 avril 1986 au Grand auditorium de Radio France à Paris
A l’origine de cette pièce, une préoccupation sur l’aspect sémantique de la musique, et particulièrement de la musique acousmatique . De vive voix… lettre morte… deux expressions proches du vocabulaire linguistique; mais aussi deux métaphores omniprésentes dans la musique, qui lui donnent sa fonction de communication par une information explicite, implicite, émotionnelle, en un mot : esthétique.
La musique sur bande comporte cette terrible exigence de devoir inscrire définitivement « dans le texte » l’émotion, l’expression, la vive voix.
C’est cette espèce de message « stylistique » qui revient à l’interprète dans la musique vocale ou instrumentale. La musique sur bande me parait être, par nature, le terrain privilégié pour exploiter cette ambiguïté entre l’information sémantique et l’information esthétique.
La pièce est construite autour de trois types de matériaux sonores :
– sons concrets bruts
– sons concrets transformés en studio analogique et numérique (123)
– synthèse proche des sons concrets réalisée sur micro-ordinateur
Ces trois matériaux m’ont permis d’installer un va-et-vient entre « la réalité » des sons concrets et les développements métaphoriques des « pseudo réalités » des sons transformés ou synthétisés.
Le sens intrinsèque du son concret est toujours dévié et élargi grâce aux transformations; il s’enrichit ainsi de toute une palette de sens extrinsèques qui lui donne, de cette manière, sa fonction de communication esthétique.
La personnalisation du message s’opère entièrement au cours de la réalisation de la bande, en établissant un réseau de relations analogiques, métaphoriques, affectives, qui place le récepteur (l’auditeur) dans sa propre « zone de réel » qui n’est ni absolue, ni réductrice, ni abstraite.