L’estran

Pour bande seule

*1995*

Durée 20′ et version courte de 12′

commande Ina-GRM ( voir discographie )

création à l’auditorium Olivier Messian à Paris le 18 mars 1995

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Le dictionnaire, dans son obligation de réduction, nous explique que l’estran est : la portion du littoral entre les plus hautes et les plus basses mers . Tout, dans cette définition ( portion – littoral – entre – les plus et les moins ) indique l’entre-deux, l’incertain, les opposés, chair ou poisson, terrestre ou marin, qui le sait ?
Il y a, là, pour moi, des métaphores essentielles à mes préoccupations musicales, des images très fortes ; en tout cas espace et matière à la réflexion et la création.

Le mot est ridiculement petit pour ce qu’il recouvre, comme s’il voulait se faire tout petit devant l’ampleur de ce qu’il découvre . Etrange univers n’appartenant jamais complètement à un élément ou un autre . Non appartenance presque coupable ?

Il n’y a que la poésie et la musique qui puissent parler de l’estran avec un véritable sens, même le dictionnaire le plus sérieux, en dehors de cette trop courte définition un peu réglementaire, purement géographique, a recours à la métaphore poétique .

Ce mot est un peu incongru, estrange , dans notre société ancrée dans ses certitudes et ses classements trop commodes ; c’est aussi pour cela qu’il me plaît et convient à cette musique, jamais proche, jamais lointaine, jamais finie, jamais commencée, toujours submergée par la vague de l’incertitude. Flux désordonnés et reflux obstinés de la vie.

tu mesures la vanité
des allers et retours inconscients dans les espaces incertains
pour des causes inexistantes

pudeur du caché puis nudité couleur de chair du sable humide
mouvement immobile

étrange estran destructeur de lui même

extrême quotidien de l’un et de l’autre continent, marge inhospitalière
qui accueille tous nos pas et tous nos cris intérieurs

tragique estran
trop d’espoir pas d’espoir
même le temps n’est ici que manière de renoncement

un peu douceur du ventre océan un peu morsure du vent froid

je prends cet espace avant qu’il ne soit souvenir
fuyant à chaque jour et chaque jour mon complice

merci à Jean Michel pour ces vers pleins d’écume

Carpe diem

pour bande seule

* 1991*

30′ ou version courte de 12′

Commande du GMVL de Lyon

Création le 12 juillet 1991 à la Villa Gillet à LYON

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 » Cueille le jour  » ce mot d’Horace me semble tellement lourd de sens, tellement essentiel, tellement énigmatique aussi sous cette formule hors temps, fraîche et élégante.

Cette pièce est une réflexion personnelle sur les vicissitudes de la vie, une sorte d « Essai philosophique  » traité dans sa forme comme en littérature. Les rapports entre l’homme et son histoire tumultueuse, sa propre tragédie aussi.

Les grands thèmes de la vie, la mort, la souffrance, l’amour, la guerre, sont évoqués sous forme d’images ou séquences qui alternent dramaturgie et sérénité comme le déroulement de la vie.

Les matériaux sonores ont été travaillés sur SYTER au GRM, puis la pièce composée et mixée à Lyon dans les studios du GMVL.

Une nouvelle version plus courte (20′) recomposée en 94 est dédiée aux habitants de Sarajevo qui vivaient le martyre que l’on connait.

CD disponible chez le compositeur christian.eloy@orange.fr

Eléments mécaniques

Pour bande seule

* 1983 *

Durée 30’10

Commande Ina-GRM

Création le 30 avril 1984 à la Maison de Radio France à Paris

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J ‘ai voulu, dans cette pièce, prolonger sur le plan musical, les concepts du peintre Fernand LEGER.
L’élément mécanique n’étant qu’un moyen et non un but, il m’a semblé intéressant de rejeter la valeur absolue de ces éléments pour n ‘en retenir que la valeur relative et globale. On pourra percevoir « un jeu d’équivoque » entre la valeur objective de la matière première, et la valeur subjective dans la manière de la traiter .

Fernand LEGER nomme « nouveau réalisme » cette idée d’intégrer l’objet avec sa beauté intrinsèque dans une oeuvre abstraite où l’imaginaire garde toute sa liberté. On quitte, de cette façon, le réalisme imitatif ou descriptif, tout en restant en prise directe sur le monde contemporain qui nous entoure .

Musicalement, l’élément mécanique est beaucoup moins neutre, puisqu ‘il engendre une pulsation, un rythme, donc une énergie qui déborde de l’objet. De ce fait j’ai choisi d’établir une relation entre « objet » et « sujet » dans un mode mécanique; la séquence utilisant les voix, illustre cette mécanisation, les voix humaines sont réduites à l’état d ‘éléments mécaniques elles aussi.

Je ne pouvais pas échapper à l ‘aspect sociologique du sujet, notre environnement sonore quotidien le rappelle, et la pièce l’aborde dans différentes dimensions y compris certains paroxysmes.

Quant au « mécanicisme » selon les philosophes, la conclusion de la pièce y fait réponse .

ELEMENTS MECANIQUES se veut comme un hommage à la grande modernité de la vision de Fernand LEGER, et comme une recherche personnelle sur la force de l’élément mécanique dans le monde sonore.

CD disponibles chez le compositeur christian.eloy@wanadoo.fr

Christian ELOY